Au théâtre.
Au théâtre ce que j’aime c’est la présence des corps. C’est la matérialité. Des acteurs, des spectateurs.
C’est des récits qui me parlent. C’est à dire : qui parle de moi, en tant que je suis une facette du monde, en tant que je suis un individu qui exprime une partie du monde. Comme la monade de Leibniz dont nous parlait avec enthousiasme ma prof de philo. Je n’ai pas tout retenu mais j’avais compris ça : la monade contient le tout, et elle en exprime une facette.
Je veux voir au théâtre des récit qui parlent du monde dans lequel je vis. cela ne veut pas dire : uniquement des récits contemporains, ou politiques, ou « du réel ». Non, le monde dans lequel je vis est aussi traversé par les mythes grecs ou une folie fantastique ou les films d’horreur.
Je crois que la « mode » actuelle pour le théâtre dit « du réel » vient du fait que le théâtre s’est tellement détaché du monde. Alors on le raccroche en parlant explicitement du monde. On utilise des documents, des interviews, des témoignage pour constituer le matériau du récit. C’est ce que nous faisons avec Violences conjuguées. J’aime ce théâtre car j’aime entendre parler ce dont on ne parle jamais, ceux qui ne s’expriment jamais. Comme j’aime écouter Les pieds sur terre de Sonia Kronlund sur France culture, émission dans laquelle les gens ont le temps de parler, d’exposer leur histoire, leurs convictions, leurs peurs ou autre. Personne ne les coupe, personne ne leur demande d’aller vite.