2 de tension

Un spectacle autour du handicap conçu pour jouer en établissements scolaires, à partir de la 6e, accompagné de deux ateliers de pratique.

L’accident de Thomas….

Le mercredi 24 avril 1996, un jeune pré-adolescent de 11 ans sortant du foot, en pleine forme, promis à un grand avenir dans le sport et ailleurs, discutant avec un copain sous la pluie s’apprête à traverser une des routes qui le mènera chez lui comme à son habitude tous les mercredis. Thomas sent un choc incroyable, indescriptible, un gros boum, un vol assez long, puis plus rien.

Après 2 mois de coma entre la vie et la mort, Thomas revient finalement parmi les vivants mais sous une forme différente. Les séquelles de son accident, Thomas les portera toute sa vie. Aujourd’hui Thomas est père, acteur, auteur, camarade, amant et beaucoup de choses encore. Mais Thomas doit composer avec son handicap depuis ce fameux mercredi qui a fait basculer sa vie. Thomas a fait un vol plané d’une vingtaine de mètres. Il aurait dû mourir. Mais il a survécu à tous ces obstacles et se bat encore pour exister quand on l’empêche l’accès à une brasserie sous prétexte que son élocution donne l’impression qu’il est saoul. Thomas est un acteur d’une nature singulière et captivante.

… est arrivé au moment de l’adolescence

Quand Thomas est entré en 6ème le 5 septembre 1996 il n’est plus le même. Frappé d’une hémiplégie partielle, de tremblements, de difficultés à s’exprimer, Thomas traverse son adolescence dans le corps d’un autre, risée de tous parfois. Comment Thomas a t-il pu trouver de nouveaux amis ? Espérer l’amour d’une fille ? Réussir sa scolarité ? Imaginer un avenir dans ce corps là ? A cet âge là, tellement compliqué, Thomas a fait l’expérience de l’isolement le plus terrible, de la vulnérabilité, de la violence des autres. Il a dû mettre en place des stratégies de survie, de séduction, de résilience. Thomas n’a pas eu le droit de vivre son adolescence. Le conducteur alcoolisé qui l’a percuté la lui a volé.

Un récit qui interroge la cruauté qui nous habite

Le spectacle est très simple. Thomas raconte sa vie et donne à voir et à entendre ce qu’il peut faire et ce qu’il ne peut pas faire. A partir de son récit j’aimerais interroger l’adolescence et la difficulté de traverser cette période tellement étrange et particulière pour les individus.

Nous pourrions disposer les tables comme dans une brasserie dont Thomas serait le seul serveur. Lui faire porter des plateaux chargés d’assiettes et de verres remplis et attendre qu’il les fasse tomber. Comme celui ou celle qui renverse son plateau repas à la cantine. A partir de ce constat, commence le récit parfois drôle, clownesque parce que Thomas a un grand sens de l’autodérision, parfois terrible et émouvant. J’aimerais interroger les adolescents sur leur capacité à l’empathie, sur la difficulté qu’ils ont à interagir avec un autre d’égal à égal quand celui-ci est différent. L’expérience de Thomas se rapproche de celle de l’exil. Il n’a pas quitté son pays d’origine, il a quitté son corps d’origine. Il ne le reconnait pas quand il sort du coma. Il a dû accepter une nouvelle identité et la faire accepter par l’autre.

D’où vient la cruauté qui nous habite ? Pourquoi est-ce parfois si difficile d’accepter la différence où la vulnérabilité de l’autre ?

Bryan Polach

JOUER ET ECHANGER DANS LA CLASSE

Le spectacle se joue dans une salle de classe, au milieu des tables ou dans tout type de lieu non-équipé. Il dure environ 45 min et est suivi d’un échange avec Thomas et l’équipe du spectacle. La particularité de cette démarche de création réside dans le fait que l’acteur, comme le metteur en scène, sont porteurs d’un handicap physique. Le metteur en scène partage avec Thomas, dont il montre le récit, cette complicité liée à leur condition. Un rapport à la vulnérabilité et à l’exclusion les réunit pour créer un récit commun. Face à un public valide, comme avec des personnes porteuses de handicap, le spectacle peut à la fois servir de support de discussion et d’identification, et permettra d’échanger en profondeur sur les questions de discrimination. Le spectacle peut être joué dans des lieux comme des Maisons d’Accueil Spécialisées et s’intégrer dans des établissements bénéficiaires du dispositif ULIS (Unités localisées pour l’inclusion scolaire).

DEUX ATELIERS POUR ALLER PLUS LOIN

Comment se raconter à la 3e personne ? Atelier d’écriture avec Thomas Badinot Comédien de la pièce, Thomas est auteur de théâtre et d’un roman entre fiction et autobiographie. Il y raconte son expérience du handicap depuis son accident à travers le récit d’un personnage. Entre autofiction et intimité, Thomas propose un atelier d’initiation à l’écriture : “Comment se raconter à la 3e personne?” Ne pas masquer mais jouer et donner à voir. Atelier de pratique corporelle avec Bryan Polach : Bryan Polach, metteur en scène, par ailleurs acteur, ceinture noire de judo et enseignant de Yoga propose en parallèle un atelier de pratique corporelle qui allie combat, yoga et jeux théâtraux pour vivre son corps différemment. Durée de chaque atelier : 1h30 Nombre de personnes : en demi classe