L’air est saturé d’informations déprimantes, de discours alarmistes et d’inquiétudes culpabilisantes. Depuis le rapport Meadows en 1972, Halte à la croissance, nous savons que les modalités du modèle de croissance économique à l’occidentale n’est pas durable. Les différents rapports du GIEC n’ont fait qu’annoncer, décennie après décennies, les difficultés dans lesquelles nous nous trouvons maintenant. Il semblerait que ces rapports, peu visibles voir parfois contestés, ont aujourd’hui un écho qui devient considérable, car les changements climatiques et les crises écologiques commencent à impacter nos existences de manière extrêmement concrètes.
Nous ne pouvons plus fuir cette réalité. Pour autant, l’entendre en boucle comme une fatalité sans responsables et sans issue, provoque chez chacun une série de nuances de la dite « eco-anxiété », qui s’exprime sur un prisme allant du déni à l’angoisse.
Pourtant, un certains nombre de penseurs et penseuses nous aident à donner des pistes pour faire face, faire front, et convoquer l’espoir, individuellement et collectivement. C’est à elles et à eux que nous voulons donner un espace, que leur parole, antidotes à l’épuisement des corps, des esprits et des âmes, viennent nourrir nos existence.
En parallèle du travail de la compagnie sur Je ne suis qu’une enfant, texte de Ludovic Pouzerate qui nous immerge dans le quotidien d’un groupe de militants contre un projet d’autoroute détruisant une forêt millénaire, j’ai eu envie de monter un projet simple, mobile, accessible à tous et toutes, qui viendrait répondre en quelque sorte à l’anxiété, éco ou pas.
Créer des moments, collectifs, où nous pouvons nous outiller pour aller mieux, prendre soin de nous-même et de nos alter-ego, et de ceux qui nous entourent aussi et avec qui les liens sont plus mystérieux. Utiliser pour cela notre matériau de prédilection, la langue, la littérature, la pensée, de celle qui nourrit le corps aussi. Transmettre mes lectures, celles qui me font du bien, que j’ai envie de partager, de faire entendre.
Horizon c’est dont un projet multiforme, qui vise à se développer aussi sous la forme d’un appel à textes et d’un comité de lecture, afin de favoriser des écritures qui nous sortent d’une vision apocalyptiques de nos avenirs.
Karine Sahler
Dans une société en perte de repères, où le superflu a pris le pas sur le nécessaire, où l’on confond plaisirs et bonheur, où l’on commente plus qu’on n’agit, émerge le besoin d’un nouvel ordre imaginaire, d’un récit collectif qui nous aide à ne pas désespérer et à reprendre pied. Pas pour se raconter de belles histoires qui détournent des efforts à faire, mais pour fournir à la résistance une culture de résistance. Nous avons aujourd’hui besoin d’un nouveau saut culturel. (…) Nous avons aussi besoin d’alimenter notre cerveau de constructions intellectuelles nouvelles : la partie consacrée aux informations est gavée, les sens relèvent de l’intimité, il faut donc nourrir la puissance d’agir de nouvelles sources d’inspiration pour se reconstruire un horizon.
Corinne Morel Darleux, Plutôt couler en beauté.
Des textes inspirants...
Au plateau, Estelle Micheau et Karine Sahler lisent une selection d’extraits de textes, romans, essais, pour construire des imaginaires de futurs désirables compte tenu des crises que nous traversons, et en particulier de la crise écologique.
De Vandana Shiva à Jean Hegland en passant par les historiens Bonneuil et Fressoz, l’ensemble vise à la fois à nourrir notre capacité à espérer, notre combativité, nos rêves dans le contexte, inédit à l’échelle de l’histoire de l’humanité, qui est le nôtre.
… abordés avec pédagogie et humour
Notre envie n’est pas de plomber le spectateur, mais bien de partager ensemble des outils qui nous paraissent porteurs : comprendre où sont les responsabilités de la crise écologique et sociale, qui sont les principaux pollueurs, qui paye principalement les conséquences… mais aussi ouvrir des voies de réconciliation avec l’époque qui est la notre, des pistes de travail sur soi, et en collectif.
Nous utilisons le théâtre d’objet, des petites figurines, des playmobils et des légos, comme fil rouge entre les textes.
… et en musique
Nous avons décidé aussi de ponctuer la lecture de quelques chansons et moments musicaux, pour amener aussi une autre dimension, plus sensible, plus sensitive, et ne pas être dans une approche intellectuelle de la question. Les textes sont aussi illustrés par un dispositif sonore créé par Vincent Espéron, léger, discret.
Format
La lecture est destiné à des petites jauges (jusqu’à 30 personnes) afin de favoriser une écoute commune, en intérieur ou en extérieur, avec un dispositif technique très léger et totalement autonome.
Durée : 1h.
Un projet de Karine Sahler et Estelle Micheau
Création sonore Vincent Esperon
Production Cie Alaska
Résidence exploratoire : décembre 2022.
Résidences : janvier-février 2023.
Création 8 juin 2023 au Carroi.